Pourquoi les prix des fruits et des légumes flambent-ils en France ?

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« Dans cette crise du coronavirus, l’offre qui diminue et l’augmentation des coûts de production peuvent expliquer une hausse des prix », écrit Céline Peschard en introduction de son article Les prix des fruits et légumes s’envolent, mais pourquoi ?

D’après une étude de l’UFC-Que choisir, « depuis le début du confinement, le prix des fruits et des légumes a flambé de 9% entre la semaine du 2 au 9 mars, et celle du 6 au 11 avril. La hausse varie de 6% pour les produits dits conventionnels, à 12% pour les articles bio, selon des relevés effectués dans plus de 4 600 drive sur 116 000 prix. »

« Par exemple, les tomates grappe bio ont pris 25% (de 4,25 euros à 5,32 euros le kilo), les bananes bio 12% (1,98 euro à 2,22 euros le kilo), les pamplemousses bio 12% (1,27 euro à 1,42 euro la pièce) et les citrons bio 11% (2,91 euro à 3,24 euro le kilo) », précise l’auteure de l’article.

« Les fameuses pénuries dans les rayons font aussi flamber le prix des savons et autres farines, la raréfaction de certaines productions agricoles a joué : le tarif des citrons verts bio a grimpé de 16%, ceux des tomates en grappe bio de 25%, alors que l’offre de citrons verts chutait de 27% et celle des tomates de 20%. Les agriculteurs n’arrivant pas à suivre le rythme soutenu de la demande, les prix atteignent des sommets. D’autant que les produits importés se sont faits plus rares sous l’effet de la crise. […] Pour d’autres cas, les tarifs flambent alors même que l’offre reste abondante. Comme premier élément d’explication, entre mars et avril, nous sommes passés de productions espagnoles (fraises, tomates) ou marocaines (tomates), considérées comme « d’entrée de gamme », donc bon marché, à des productions françaises certes de meilleure qualité mais bien plus chères », ajoute-t-elle.

La hausse des coûts de production serait de même responsable, « les frais de transport ont flambé de 30% », a déclaré Laurent Grandin, le président d’Interfel, la filière des fruits et légumes. « La mise en place de mesures de sécurité (masques, nettoyage du matériel, etc.), souvent coûteuses, y contribue aussi. Normalement, les camions, après avoir déchargé leurs navets ou leurs pommes, reviennent en livrant des produits industriels ou pharmaceutiques. Mais comme la plupart des usines sont à l’arrêt, ils rentrent désormais à vide, ce qui ne permet plus d’amortir le coût de transport », explique l’auteure.

« Certains de ces facteurs de hausse étant les mêmes que pour les produits de grande consommation, notre crainte est que ce qui se passe actuellement sur les fruits et légumes ne soit précurseur de ce qui se passera plus tard sur les produits agroalimentaires », résume Grégory Caret.

« De plus, l’emballage systématique des fruits et légumes vendus par les drives pour rassurer les consommateurs, joue également un rôle dans la montée des tarifs. Et la main-d’œuvre bon marché venant du Maghreb ou d’Europe de l’Est pour les récoltes a fait défaut cette année, d’où une inflation du coût des récoltes », conclue Céline Peschard.

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Malgré ces explications, une autre question est à poser. Pourquoi sommes-nous le seul pays européen et peut-être même au monde à avoir des produits alimentaires nationaux, locaux plus chers à la vente que les produits importés ?

La France fonctionne à l’envers. Dans les autres pays, comme en Angleterre par exemple, ses produits alimentaires made in England ou du Commonwealth sont beaucoup moins chers à la vente que ceux venant de l’étranger. Idem en Allemagne, en Espagne, en Italie, etc. Et la logique est là. Il me paraît totalement incohérent que le consommateur français paye plus cher les produits de son terroir que ceux issus de l’importation. Justifier cette incohérence en vantant une qualité supérieure de nos produits par rapport aux autres est non seulement un peu trop facile, mais aussi prétentieux. Et pas toujours vrai.

Lorsque j’étais en Angleterre, j’ai consommé des produits bien anglais, comme le jambon, l’agneau, le poulet, des pommes de terre, des champignons… de très bonne qualité. Car, qui plus est, les champignons, qu’ils soient anglais ou français, ce sont des champignons. Le prix au kilo des champignons étaient beaucoup moins cher qu’en France. Les girolles, considérées comme des champignons de qualité, affichaient un prix au kilo presque trois fois moins cher qu’en France. Hé oui, il y a aussi des girolles en Angleterre ! Il en était de même pour tous les fruits et légumes anglais. En outre, la tomate, la carotte, le navet ou la betterave française n’est pas supérieure à l’Anglaise. Les tomates anglaises sont parfois même meilleures. Je n’ai jamais mangé en tout cas une tomate anglaise farineuse comme il m’est arrivé avec des françaises.

Bref. Ce serait peut-être un problème sérieux auquel s’attaquer après le déconfinement ?