« Ça m’énerve »

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By CR

Dire que l’on estimerait les paroles de certaines chansons anglophones comme débiles, du genre « I crashed my car into the bridge. I don’t care, I love it ». Traduction : « J’ai écrasé ma voiture sur le pont. Je m’en fous, j’aime ça ».

Sympa le message.

Hé bien, il y en a aussi des bien françaises !

Ce chanteur qui a parlé de tout ce qui l’énerve a suscité apparemment l’engouement populaire en son temps, chanson que j’ai découverte récemment, désolée, je n’étais pas là. J’ai donc de très, très, nombreux wagons de retard, étant donné qu’elle date de 2009. En gros, j’ai 12 ans à la traîne. J’ai dû probablement être dans une dimension parallèle cette année-là…

Bref. Dans sa chanson, le chanteur parle de tout ce qui l’énerve :

Il n’aime pas les filles qui :

  • portent la frange à la Kate Moss ;
  • portent un Jeans slim taille 34 ;
  • dansent comme des princesses sur le dance floor ;
  • boivent du champagne rosé ;
  • écoutent beaucoup trop fort la musique.

Il n’aime pas non plus ceux qui font la queue devant chez Ladurée pour acheter des macarons.

Il pratique également le name dropping, et cite notamment :

  • l’hôtel Costes ;
  • les vêtements Zadig et Voltaire ;
  • les voitures de sport Lamborghini ;
  • les scooters Vespa ;
  • les chaussures Weston ;
  • la discothèque Le Milliardaire (à Paris) ;
  • les chaussures Jimmy Choo ;
  • les pâtisseries Ladurée ;
  • la carte bancaire Black Card (Centurion)

Et il a eu du succès avec une telle chanson ?

Je ne regrette finalement pas de ne pas avoir été là pour subir… ça !

C’est qui ce mec ?

Bon, vu son look beauf bobo à la Elvis… bah… ça craint et ça énerve, en tout cas moi ! Le stéréotype du bad boy, le rebelle un peu ringard tout de même…

C’est peut-être quelqu’un qui n’aime finalement rien et peut-être aussi même pas lui-même…

Bref.

C’est quoi ces termes qu’il emploie ?

Le name dropping (le lâcher de noms) ? Je ne connaissais pas cette expression. Les Anglais que j’ai fréquentés, en tout cas, ne l’utilisaient pas. J’ai vraiment dû être dans une grotte sur une île déserte ou même sur une autre planète. Les hôtels Costes, idem, je ne connaissais pas. Zadig et Voltaire, hormis le domaine littéraire, je n’étais pas au courant que c’était aussi une marque de fringues. Les voitures de sport Lamborghini, les scooters Vespa, les chaussures Weston, si j’avais les moyens de m’offrir ne serait-ce que l’un d’entre eux, je ne cracherais pas dessus. Hé oui ! Chacun a le droit de vouloir s’élever dans la société. Quant à la discothèque Le Milliardaire, à Paris, bah hormis les Parisiens, personne d’autre ne connaît ! Ah ! En revanche, je connais les parfums de Jimmy Choo, mais pas ses godasses. Encore une mauvaise note. J’arrive au résultat de l’interro à un F, + ou – ça ne fait pas de différence. Les pâtisseries Ladurée et la carte bancaire Black Card, précision Centurion, peut-être une carte romaine ? Bah, tout ça non plus, je ne savais pas !

Euh… Il est sorti d’où ce chanteur ? Selon mes résultats de recherche, il serait un compatriote provincial de ma génération… Bah, on n’a certainement pas vécu dans la même province (chic, style 5ème, 6ème ou encore 14ème arrondissement de Paris, entre autres…).

Quant à la frange à la Kate Moss ! Alors là ! Je vais jouer ma Nabila… Quoah… t’as pas de shampoing, t’as pas de cheveux… Touche pas à Kate Moss ! Touche pas à sa frange ! Beaucoup de filles de ma génération étaient dingues de Kate Moss et de sa frange. On l’a portée ! Et d’ailleurs Kate Moss est une fille de ma génération ! Elle est une véritable icône de la mode. De plus, ce n’est qu’une coupe de cheveux.

Poursuivons l’analyse littéraire de ce texte empreint de… « on ne sait pas quoi, mais certes pas de profondeur intellectuelle, spirituelle (même dans le sens humoristique du terme), philosophique, etc.

Il n’aime pas les filles qui portent un jean (au singulier le jean, le « s » est inutile, à moins d’en porter plusieurs à la fois), slim taille 34.

Comment fait-on alors lorsque l’on mesure 1m51, pèse 40 kg et que seule la taille 34, voire 32, est la seule taille qui nous va en pantalon comme en jupe d’ailleurs ? On choisit la taille 52, histoire de suivre la tendance du moment ?

Il n’aime pas également les filles qui dansent comme des princesses sur le dance floor. Ça veut dire quoi ? Avons-nous une couronne sur la tête lorsque l’on danse ? Bon, c’est la période de la galette des rois en ce moment, donc, peut-être ? Mais, blague mise à part, on s’en fout ! C’est vrai que les mecs qui viennent te passer la main aux fesses pendant que tu t’éclates avec tes copines sur la piste de danse, c’est certainement plus cool ? Ou mieux encore, le mec qui provoque une bagarre avec machin, parce qu’il aurait soupçonné machin d’essayer de lui piquer sa copine ? Effectivement, ça énerve les filles qui dansent comme des princesses… Les princes, en tout cas, ils ne sont pas vraiment présents…

Il n’aime pas non plus les filles qui boivent du champagne rosé. Du champagne tout court, cela aurait suffit. Et alors ? Les filles qui boivent du whisky ou du pastis sont peut-être plus classes ? Ou plus baisa… ? Des filles qui se comportent, en gros, comme des mecs… Hé oui, les filles, nous sommes les sorcières du champagne ! Ouh ! Le bûcher est de retour.

Il n’aime pas encore les filles qui écoutent beaucoup trop fort la musique. C’est vrai qu’un mec qui écoute à fond la caisse son Hardcore à péter les tympans, c’est davantage supportable. Par contre, une fille qui écoute à fond la sono Céline Dion ou dans un autre style La Wally, c’est moins cool. Ça fait bibi aux oreilles. Ouh, les vilaines !

Le pire. J’ai lu (peut-être une fake news, certainement d’ailleurs) est que ce « chanteur » serait un « féministe » ! Oh ! My word ! Seriously !

Cela étant, à ma connaissance (pas toujours à jour…), on n’entend plus parler de ce chanteur. Et heureusement ! Je préfère cent fois entendre la chanson française en anglais toute aussi débile, mais « festive », Born to be alive….

En résumé, ça m’énerve ces faux hommes « féministes » bobos riches qui jouent les « prolétaires » pour donner l’impression qu’ils font partis du « peuple » auquel ils n’appartiennent pas. Un sénateur romain sous l’époque de l’empereur Marc Aurèle a dit : « Ce n’est pas parce que je ne suis pas du peuple que je ne parle pas en son nom et que je n’œuvre pas pour le peuple et par le peuple ». Au moins, lui, il savait de quoi il parlait. Je préfère donc un riche qui argumente ainsi qu’un faux pauvre qui parle de n’aimer personne, surtout les femmes qui ne correspondent pas à son idéal féminin….