Il n’y a décidément plus de mot imaginable pour décrire la cruauté humaine !
Amnesty International a rendu récemment un rapport horrifiant sur les conditions de détention dans la prison militaire de Giwa, à Maiduguri, dans le Nord du Nigeria.
Ce rapport fait état de 149 personnes mortes depuis le début de cette année, dont 12 bébés et enfants !
Les mères suspectées de complicité avec la secte islamiste Boko Haram ont été emmenées avec leur progéniture dans cette caserne. Certaines enceintes ont accouché dans la prison. Or, les conditions inhumaines de détention déjà dénoncées par Amnesty International ont eu raison de la vie de ces femmes et enfants.
Dans ce rapport « If you see it, you will cry » : Life and death in Giwa Barracks, signifiant « Si vous voyez cela, vous allez pleurer » : La vie et la mort dans la caserne de Giwa, révélé ce mercredi 11 mai par Amnesty International, il a été ainsi certifié, parmi ces 12 bébés et enfants morts dans les 149 personnes décédées, 11 d’entre eux étaient âgés de moins de 6 ans et certains, même, n’avaient que quelques mois d’existence.
Le contenu de ce rapport établi grâce aux témoignages recueillis d’anciens détenus a ainsi permis de mettre à jour, sans précision certaine évidemment, non seulement le nombre d’enfants morts dans cette prison, mais aussi l’insalubrité, la chaleur, la surpopulation, le manque d’eau, de nourriture, d’hygiène… D’ailleurs, selon une récente ancienne détenue, une épidémie de rougeole a obligé les autorités à intervenir en instaurant un contrôle médical des résidents, mais pas suffisamment tôt pour empêcher la mort de 2 garçons de 1 ans et de 5 ans ainsi qu’une petite fille de 5 ans.
En outre, la considération inhumaine de ces détenus ne s’arrête pas là ! Une jeune femme de 20 ans ayant passé 2 mois dans cette prison a rapporté à Amnesty International : « À chaque fois qu’un enfant meurt, il y avait tant de tristesse dans la prison. Les soldats apportaient les tissus pour couvrir les dépouilles des enfants. Puis ils emportaient les corps à l’extérieur et une ambulance militaire venait les récupérer. Ils informaient la mère qu’ils s’occuperaient eux-mêmes de l’enterrement. » Et les mamans ne pouvaient jamais assister aux funérailles de leurs propres enfants.
Le directeur de la recherche et des actions de plaidoyer, Netsanet Belay, pour l’Afrique au sein d’Amnesty International a déclaré : « Il est à la fois douloureux et terrifiant d’apprendre que des bébés et de jeunes enfants sont morts en détention militaire dans des conditions terribles. […] Nous avons tiré à maintes reprises la sonnette d’alarme concernant le nombre élevé de décès de détenus à la caserne militaire de Giwa, mais ces révélations montrent que, pour les adultes comme pour les enfants, Giwa reste un lieu de mort. […] Il n’y a pas d’excuses ni de délais possibles. Les centres de détention de la caserne militaire de Giwa doivent être fermés immédiatement et tous les prisonniers doivent être libérés ou remis aux autorités civiles. Le gouvernement doit mettre en place de toute urgence des mécanismes permettant de garantir la sécurité et le bien-être des enfants remis en liberté. »
De plus, à défaut des décès dans ces geôles ces détentions massives d’hommes, de femmes et d’enfants sont bien connus de tous dans cette région du Nigeria, puisque notamment l’an passé la libération de prisonniers lavés de tout soupçon s’est déroulée sur une place publique de la ville. Les habitants et les médias ont alors eu l’occasion de remarquer la présence d’enfants en bas âge parmi ces centaines de détenus libérés.
Sans compter qu’un effrayant rapport antérieur d’Amnesty International avait déjà alerté d’un grand nombre de morts dans les prisons du Nigeria entre 2011 et 20015. Il avait été répertorié dans l’ensemble du pays la mort de 7 000 personnes en détention en raison de la faim, de la déshydratation, des maladies, même de la torture, dont 4 700 pour la prison de Giwa en 2013 !
Enfin, selon les dernières évaluations d’Amnesty International, parmi les 1 200 personnes soupçonnées de collaborer directement ou indirectement avec la secte de Boko Haram qui seraient aujourd’hui emprisonnées dans la caserne de Giwa, 120 enfants dont 20 bébés et enfants de moins de 5 ans s’y trouveraient.