Le noma, la « maladie de la pauvreté »

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Le noma, appelé également la « maladie de la pauvreté » ou « gangrène de la bouche », a été éradiqué en Europe à la fin du 19e siècle. Il est actuellement surtout présent en Afrique comme dans les pays les plus pauvres d’Asie et d’Amérique du sud.

Cette maladie bactérienne foudroyante affecte en premier la bouche des enfants âgés de moins de 6 ans puis ronge leur visage. Le noma se caractérisant au début par des aphtes et saignements dans la bouche touche les personnes au système immunitaire faible. En l’absence de soins immédiats, ce syndrome conduit dans 80 % des cas à une mort atroce. Quant aux survivants, sans chirurgie, ils deviennent défigurés à vie.

Le chirurgien espagnol Angel Emparanza, spécialiste de la réparation maxillo-faciale à San Sebastián en Espagne a expliqué : « Cette maladie « mange » en quelques semaines les muqueuses, les os et la peau, laissant aux survivants des trous ou des excroissances qui déforment le visage. C’est une maladie de la pauvreté, de la malnutrition, de gens qui vivent dans des conditions d’hygiènes défaillantes ».

Selon Ali Bourji, chirurgien plasticien à la clinique La Rochelle à Abidjan en Côte d’Ivoire et secrétaire général de l’ONG Sourire un Jour, il y aurait 500 000 cas dans le monde, dont 100 000 nouveaux.

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Pour sa 5e mission humanitaire, du 8 au 16 octobre dernier, l’ONG a opéré gratuitement à la clinique La Rochelle une cinquantaine de patients atteints de noma. Certains devront subir plusieurs interventions.

Depuis plusieurs années, l’ONG vient en aide bénévolement aux personnes souffrant de bec-de-lièvre, de tumeurs ou encore de noma grâce à des chirurgiens spécialisés dans les opérations maxillo-faciales. Elle prend en charge tous les frais, l’opération, la nourriture, le transport, etc. pour ces patients démunis n’ayant donc pas les moyens d’avoir accès à ce genre de soins, comme l’a précisé le Pr Guy Varango, Président de l’ONG : « Notre souci est de répertorier les malades, surtout en Côte d’Ivoire, de les traiter et les prendre en charge sur le plan social et familial. […] Notre objectif est d’éradiquer la maladie. […] Le noma a des répercussions importantes. […] C’est une maladie, mais dans les villages on peut y voir des diableries, de la sorcellerie. On exclut les gens qui en souffrent ».

Ainsi sur la terrasse de la clinique La Rochelle, des patients aux visages défigurés, sans lèvres ou aux gencives apparentes, attendaient assis sur des chaises en plastique. Et de par ses interventions, l’ONG a vraiment permis à ces personnes dans la souffrance de retrouver le sourire.

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Flora Doumé avant et après son opération – Photo Sia Kambou / AFP

Tel fut le cas de Flora Doumé, une jeune femme âgée de 20 ans, qui a vécu recluse durant 17 ans afin d’échapper aux moqueries, aux insultes et aux peurs envers sa maladie. Le noma a causé une excroissance qui a recouvert son œil et la moitié gauche de son visage. À la veille de son opération, elle a déclaré : « Je reste enfermée à cause de la maladie […] Je ne sais ni lire ni écrire, je ne suis pas allée à l’école, je ne peux pas travailler ».

Tieu Huberson, l’un des accompagnateurs qui préside l’association des handicapés de la région de Danané, ouest de la Côte d’Ivoire, proche du Liberia et de la Guinée, lui-même atteint de cécité a confié : « Flora a pleuré quand le docteur lui a dit qu’on allait l’opérer et que c’était une « belle jeune fille » qu’on allait aider. C’était la première fois de sa vie qu’on lui faisait un compliment ».

Quelques jours après son opération, Flora s’est ravie en découvrant son nouveau visage : « Je suis heureuse, je vais pouvoir avoir un mari et des enfants ».