Zone interdite : « Enfants maltraités : tout faire pour les protéger »

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« Voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien », tel est souvent le cas lorsque l’on se réfère à la presse en général concernant les enfants maltraités. L’inde, les États-Unis, l’Afrique ou les pays du Proche-Orient et Moyen-Orient sont les régions qui sont les plus incriminées dans le monde.

Mais qu’en est-il en France ? L’émission Zone interdite, diffusée le 8 avril dernier sur M6, s’est intéressée à ces cas. L’équipe du magazine, présenté par Ophélie Meunier, est allée à la rencontre des brigades des mineurs, des juges des enfants, de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), des enfants victimes…

En 2017, la police a recensé 1 enfant par semaine mort sous les coups de ses parents. Des signalements aux placements en foyer jusqu’à la reconstruction plus que difficile de ces enfants maltraités ou violentés, le reportage nous montre tout leur parcours et toutes les personnes de la structure sociale mise en place pour venir à leur secours mettant tout en œuvre afin de détecter leur mise en danger et les protéger.

« Enfants maltraités : tout faire pour les protéger », est la mission que s’est donnée tous les intervenants à tout niveau de la protection de l’enfance en France.

Le reportage commence dans les locaux de police où une mère de famille est interrogée. Elle est partie en vacances quelques jours en laissant sans surveillance ces enfants, dont l’aîné est âgé de 12 ans et le dernier à peine âgé de 5 ans. Seul un voisin qu’elle rencontra pour la première fois pour l’occasion était au courant de son absence, sans savoir pour combien de temps. Devant l’inconscience de la mère de la mise en danger de ses enfants, le policier en charge de l’interrogatoire fait appel aux services sociaux. Les enfants sont alors placés dans l’immédiat.

Le reportage nous ouvre ensuite les portes de ces instituts de placement. Les plus petits, âgés de quelques mois, voire de quelques semaines, sont placés en pouponnières, les plus grands, en foyer social, dont certains resteront même jusqu’à leurs 18 ans.

Dans l’une de ces pouponnières, des bébés sont atteints du « syndrome du bébé secoué », l’un d’entre eux âgé de quelques mois a subi deux interventions chirurgicales au niveau cérébral et est en attente d’une troisième intervention aussi pour le cerveau. D’autres ont été délaissés dès la maternité où leur mère était inapte à ne serait-ce que les nourrir. Le plus petit bébé placé dans cet institut est âgé de 3 semaines.

Dans l’un de ces foyers, pour les plus grands, l’équipe du reportage rencontre Kassandra, violée par son père à l’âge de 3 ans, puis par son beau-père jusqu’à ses 6 ans, âge auquel elle a été placée. Âgée de 18 ans aujourd’hui, nous assistons à ses derniers instants dans le foyer qu’elle doit quitter. Mais, elle n’est pas livrée à elle-même, puisque le système lui donne accès à un petit studio dans un établissement pour travailleurs sociaux jusqu’à ce qu’elle trouve un emploi et puisse voler de ses propres ailes. Il y a aussi Yohan, son frère de cœur, son meilleur ami, avec lequel elle a traversé ces 12 années dans le foyer. Âgé de 18 ans aussi, il doit quitter le foyer pour rejoindre sa place dans sa vraie famille, jugée apte à le reprendre. Quant à Kassandra, elle n’a plus aucun contact avec sa famille.

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En parallèle, le reportage nous montre le travail social auprès des familles, des juges des enfants, des éducateurs de l’Aide Sociale à l’Enfance… Un père de famille a perdu la garde de son fils à cause de la drogue et souhaite la reprendre. Aujourd’hui, ancien toxicomane depuis plusieurs années, séparé de la mère de ses enfants avec laquelle il a ainsi connu cette descente aux enfers, il a la garde exclusive de ses deux enfants plus petits et se bat pour récupérer la garde de son aîné. Les étapes à franchir le mettent à très rude épreuve, il ne baisse pas les bras et montre sa ténacité. Actuellement, il a obtenu la garde partagée avec le foyer qui a accueilli son fils, deux semaines sur quatre.

Le reportage nous plonge dans une autre noirceur, celle des enfants morts sous les coups de leur parent. C’est le cas de la petite Fiona, décédée à l’âge de 5 ans et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Depuis des années, le père de la petite, Nicolas Chafoulais, livre un véritable combat pour connaître la vérité sur les conditions de la mort de sa fille jusque-là toujours obscures. Cette affaire avait été révélée au grand jour. Sa mère avait pleuré sa disparition devant les caméras de télévision alors qu’elle avait causé la mort de sa fille, aidé de son nouveau compagnon de l’époque. Nous suivons tout le déroulement de cette affaire, le combat de ce père dévasté par la mort de sa petite fille, les étapes des procès éprouvants. Suite au premier verdict condamnant le beau-père à 20 ans de réclusion et de seulement 5 ans pour la mère, le père décide de faire appel. Au terme de la peine des 5 ans effectués par la mère, l’angoisse de la confirmation en appel du premier jugement se fait ressentir. Si l’appel confirme, elle pourra sortir. Le père craint dans ce cas qu’elle pourrait recommencer avec un autre enfant qu’elle aura. Le jugement a donc été rendu en appel et condamne alors la mère à la même peine de réclusion que son complice. Elle effectue donc aujourd’hui la suite de sa peine, 15 ans.

Nous voyons aussi le travail de l’une des juges des enfants. Dans l’un de ses dossiers, elle doit statuer sur la prise en charge d’un enfant, dont son père a assassiné sauvagement sa mère de onze coups de couteau. L’enfant âgé à l’époque d’un an et demi a été témoin de toute la scène. Âgé aujourd’hui d’une dizaine d’années, toujours en foyer, il est sujet à des troubles du comportement, des cauchemars… Or, le lien avec la famille est nécessaire. Les tantes du côté maternel se présentent pour envisager une garde conjointe entre elles. Quant au père en prison, qui conserve toujours son droit parental, souhaite que ce soit sa sœur qui prenne en charge son fils. Actuellement, la juge n’a pris aucune décision et préfère continuer les visites contrôlées des deux familles au foyer dans lequel l’enfant réside.

Enfin, le reportage se termine en Suède qui a pris des mesures drastiques dans la lutte contre la maltraitance des enfants. Malgré ce côté idyllique où la violence sur les enfants a énormément diminué, elle demeure encore d’actualité. Cependant aussi, la Suède est le pays en Europe possédant le taux le plus faible des enfants maltraités.

Ce reportage inhabituel et saisissant, qui traite ainsi de la maltraitance menant jusqu’à la mort parfois des enfants, nous ouvre les yeux sur ce qui se passe dans notre hexagone. Il révèle que cette violence envers les enfants est aussi bien réelle chez nous qu’ailleurs. Et qu’avant de balayer devant la porte du voisin, on ferait mieux surtout de balayer devant notre porte…