Le Pakistan et ses crimes d’honneur

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Récemment, au Pakistan, deux crimes d’honneur ont rallumé une vive colère chez les Pakistanais.

Alors que la réalisatrice Sharmeen Obaid Chinoy venait de recevoir un Oscar du meilleur court-métrage documentaire, attendu dans les salles pakistanaises ce mois-ci, pour son film A Girl In the River : The Price of Forgiveness (Une fille dans la rivière : Le prix du pardon) dénonçant cette coutume, un homme a tué sa fille et un autre a assassiné ses deux sœurs, pour laver leur « honneur »

Le 1er mars, à Lahore, capitale du Pendjab, un père a assassiné sa fille de 18 ans par balles, parce qu’elle lui aurait refusé de lui dire où elle était et ce qu’elle faisait durant les cinq heures précédant son meurtre, selon un responsable de la police locale qui a déclaré à l’AFP : « Il semble qu’il s’agisse d’un meurtre d’honneur »

Le 2 mars, dans la même province du Pendjab, à Noorshah, dans le district de Sahiwal, un homme âgé d’une vingtaine d’années, Mohammad Asif, aurait tiré sur ses deux sœurs, les tuant sur le coup. Selon toujours la police locale, le suspect « avait des doutes sur leur moralité et désapprouvait leur mode de vie », suspect d’ailleurs déjà connu des services de police pour son premier crime d’honneur en 2011 où il a assassiné sa propre mère et qui après avoir été arrêté puis emprisonné a été libéré grâce à sa famille qui lui a pardonné son acte.

Les deux hommes en fuite sont actuellement recherchés par la police.

Et bien qu’à l’occasion de la promotion de son film, la réalisatrice ait rencontré le Premier ministre, Nawaz Sharif, qui s’était engagé à mettre un terme définitif à cette pratique qu’il avait qualifiée lui-même de « dégradante et méprisable », cette dernière a malheureusement toujours cours au Pakistan.

La dernière révision qui a été apportée au Code Pénal pour tenter d’éliminer le problème date de 2005 ; elle ne permet plus aux auteurs de ces crimes d’honneur d’échapper à la prison en cas de pardon par eux-mêmes, mais celui accordé par la famille demeure ; mesure qui avait suscité à l’époque une vive polémique et qui se retrouve aujourd’hui au cœur du documentaire.

Enfin, il est à rappeler que chaque année au Pakistan, environ 1000 femmes sont victimes d’un crime d’honneur. Dès la première semaine de mars, déjà au moins 3 ont été recensés seulement pour le début de cette année.

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