![C.L.I.T. Saint Valentin censuré sur YouTube_wp](https://christinerobledo.wordpress.com/wp-content/uploads/2016/03/c-l-i-t-saint-valentin-censurc3a9-sur-youtube_wp2.jpg?w=760)
Mardi dernier, pour cette Journée Internationale de la Femme, deux FEMEN ont posté une parodie de la chanson du rappeur Orelsan dans un clip vidéo sur YouTube qui l’a ensuite tout bonnement censuré !
Ces deux FEMEN, Elvire Duvelle-Charles et Sarah Constantin, ont voulu faire passer un message au sujet des atteintes majeures aux droits des femmes, de la violence aux inégalités, lesquelles sont également véhiculées et encouragées par les images courantes, les stéréotypes, les discours sexistes envers les femmes, ainsi que la culture du viol dans certaines chansons rap.
Détournant les paroles de la chanson du rappeur, contre lequel nombreuses associations avaient déjà porté plainte au vu de ses textes injurieux à l’encontre de la gent féminine et lequel avait été relaxé au nom de la liberté d’expression, les deux femmes formant un duo improvisé, présentent le clip « C.L.I.T. Saint-Valentin » dans lequel elles s’adressent aux hommes avec le même langage cru.
Ainsi cet extrait du texte original « Et le lendemain matin, elles en redemandent, se mettent à trépigner. Mais ferme ta gueule ou tu vas t’faire Marie-Trintignier. J’suis là pour te mettre 21 centimètres. Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maître, j’ai une main sur la chatte, une sur un sein et j’deviens ambidextre » devient dans la parodie « Tu vas goûter et savourer ma boîte de tampons usagers. Mais ferme ta gueule, ou tu vas te faire Jacqueline-Sauvager. J’suis là pour te couper tes 10 centimètres. Tu seras mon petit chien et je serai là pour te soumettre. J’ai un pied sur ta bite, un sur ta face et je deviens ambidextre » Et le refrain original « suce ma bite pour la Saint-Valentin » se transforme en « suce mon clit pour la Saint-Valentin »
![C.L.I.T. Saint Valentin censuré sur YouTube_clip_wp](https://christinerobledo.wordpress.com/wp-content/uploads/2016/03/c-l-i-t-saint-valentin-censurc3a9-sur-youtube_clip_wp1.jpg?w=760)
Cette parodie postée sur YouTube se finissant par l’énumération des chiffres provenant du sondage Ifop sur les Français et le viol, mettant à jour une certaine culture du viol dans les esprits, a produit son effet sur les réseaux sociaux. Excepté qu’à peine deux jours après sa sortie sur le site, la vidéo a été censurée par YouTube et le compte du duo de rap improvisé s’est trouvé bloqué. Sachant que la version originale, comprenant de manière limpide un langage sexuellement très explicite, elle, est toujours visible sur le site et cela depuis 2007.
Non seulement, cette méthode est choquante pour les deux jeunes femmes, mais surtout elle démontre clairement de la misogynie tolérée par rapport au phénomène inverse.
De ce fait, elles ont diffusé ce 8 mars un communiqué explicitant : « Cette parodie de Saint-Valentin d’Orelsan se veut être un miroir des propos sexistes que nous entendons quotidiennement dans les textes de rap, que ce soit ceux de Booba, Karris, Seth Gueko ou Vald, pour ne citer qu’eux […] Arrêtons avec cette excuse qui cautionne les textes faisant l’apologie de la culture du viol et de la misogynie sous prétexte que le rap est un moyen d’expression violent. »
Interpellant ainsi YouTube et les réseaux sociaux, les deux FEMEN ont alors assuré une très mauvaise publicité au site qui a finalement pris la décision de remettre le clip en ligne, en l’interdisant néanmoins aux mineurs, ce qui n’est absolument pas le cas pour l’original !
![C.L.I.T. Saint Valentin censuré sur YouTube_Sarah Constantin-Elvire Duvelle-Charles_wp](https://christinerobledo.wordpress.com/wp-content/uploads/2016/03/c-l-i-t-saint-valentin-censurc3a9-sur-youtube_sarah-constantin-elvire-duvelle-charles_wp1.jpg?w=760)
Cependant, les deux femmes s’interrogent : « En France, le sexisme semble avoir un statut juridique tout particulier : on appelle ça de la liberté d’expression. Orelsan n’aurait donc rien à se reprocher, puisque ce n’est pas lui qui appelle à violer les femmes, mais son personnage. Mais attendez, si on remplace « femme » par « noir », « arabe » ou « juif », ça s’appelle de l’incitation à la haine non ? Le sexisme serait-il moins grave que le racisme ? Se faire discriminer pour son sexe moins grave que de se faire discriminer pour sa couleur de peau ? Les rappeurs qui cumulent les millions de vues sur YouTube ont une responsabilité face à leurs fans, ils font partie de la culture pop. En France, une femme se fait violer toutes les 7 minutes et plus d’une centaine de femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. Près d’un tiers des 18-24 ans pensent que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d’une relation sexuelle. Alors, ne serait-il pas temps de faire changer les choses ? »
Et au regard de cet évènement qui semble peut-être anodin pour beaucoup, en ce qui me concerne, en tant que femme, je me pose également les mêmes questions…
Or, il n’y a pas seulement que les artistes en tout genre qui ont une responsabilité face à leurs fans, mais les réseaux sociaux en tout genre en ont une également vis-à-vis de leurs internautes !
Enfin, il est utile de rappeler l’article 225-1 du Code Pénal :
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation ou identité sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou non, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée […] »
Et l’article 225-2 du Code Pénal :
« La discrimination définie à l’article 225-1, commise à l’égard d’une personne physique ou morale est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende lorsqu’elle consiste :
1° À refuser la fourniture d’un bien ou d’un service ;
2° À entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque ;
3° À refuser d’embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne ; […] »