La manipulation génétique d’embryons humains admise au Royaume-Uni

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Le 1er février 2016, la manipulation génétique d’embryons humains a été autorisée au Royaume-Uni à des fins de recherches concernant l’utilisation de la technique encourageante « Crispr-Cas9 » qui permet de corriger l’ADN défectueux.

La biologiste française Emmanuelle Charpentier qui a développé cette technique en collaboration avec l’Américaine Jennifer Doudna, professeur de chimie moléculaire et de biologie cellulaire, a expliqué à l’AFP : « C’est un peu comme un logiciel de traitement de texte qui peut permettre d’éditer ou de corriger la typographie d’un document. »

C’est l’une des toutes premières autorisations de manipulation d’embryons humains.

Néanmoins, l’autorité britannique, la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA) (la fertilisation humaine et de l’embryologie) a confirmé qu’il serait interdit d’utiliser les embryons pour les transplanter sur des femmes.

La modification génétique d’embryons a des fins de traitement est interdite en Grande-Bretagne, mais autorisée depuis 2009 dans la recherche sous condition entre autres que les embryons soient détruits au terme de deux semaines maximum.

Le professeur Robin Lovell-Badge du Francis Crick Institue a déclaré : « Cela va permettre non seulement à Kathy Niakan de poursuivre ses recherches sur le développement précoce de l’embryon, mais aussi d’analyser le rôle de gènes spécifiques à travers l’utilisation de la méthode Crispr-Cas9 » car « Comprendre le développement de l’embryon pourrait nous aider à comprendre les causes de l’infertilité, des fausses couches et de certaines maladies génétiques », a ajouté le directeur de Genetic Alliance UK, Alastair Kent.

Et le docteur de l’Université d’Édimbourg, Sarah Chan, a conclu : « C’est une décision encourageante qui montre que le bon usage de la science et une surveillance éthique efficace peuvent aller de pair »

Bien que cette technique soit déjà utilisée par de nombreux scientifiques en vue de trouver des traitements contre le cancer et autres maladies, elle suscite cependant des inquiétudes au sujet de sa pratique sur les cellules reproductrices et les embryons humains.

En avril 2015, des chercheurs chinois avaient annoncé la réussite d’une modification d’un gène défectueux de plusieurs embryons, cause d’une maladie du sang pouvant entraîner la mort, en stipulant qu’ils avaient « eu de grandes difficultés » et avaient affirmé que leurs travaux « montraient la nécessité urgente d’améliorer cette technique pour des applications médicales. » Une première qui avait éveillé des inquiétudes et des questions éthiques.

En octobre 2015, le comité international de bioéthique de l’Unesco avait demandé un délai sur les techniques d’édition de l’ADN des cellules reproductrices humaines pour éviter une modification « contraire à l’éthique » des caractères héréditaires des personnes qui pourrait faire réapparaître la volonté d’améliorer l’espèce humaine.

En décembre 2015, les organisateurs d’un sommet international sur l’édition du génome humain, réunis à Washington, avaient conclu quant à eux que la recherche fondamentale et pré-clinique devait continuer au regard de son potentiel médical mais devait être supervisée sur le plan légal et éthique.

Pour conclure, cette autorisation de la manipulation génétique d’embryons humains par la Grande-Bretagne n’est pas sa première, puisqu’en 2015 elle fut le premier pays à accorder la conception de bébés à partir de trois ADN différents afin d’éviter la transmission de maladies graves.

Les opposants à cette décision ont considéré que le pays allait trop loin dans le domaine de la modification génétique et qu’elle ouvrait « la boîte de Pandore de la sélection des bébés. »